L’émotion : votre mouvement perpétuel
Etymologiquement parlant, les émotions désignent depuis la Grèce antique ces forces qui nous animent, nous ébranlent, nous mettent en mouvement. Sources de toute motivation, les émotions informent et traduisent les perceptions. Elles sont indispensables et préalables à chacune de vos actions.
Il arrive que l’intensité des émotions soit telle qu’elles nous bloquent. Physiquement, mentalement, elles peuvent contrôler parfois l’accès à certains souvenirs ou situations et s’accumuler jusqu’à créer des nœuds, des tensions, souvent douloureux.
Il n’est alors pas toujours facile d’accéder à ses émotions. Cela peut faire peur. Et pourtant, apprendre à les reconnaître et à les identifier, permet de les libérer, de leur donner un sens, et de faire progressivement de la place pour de nouvelles expériences, vécues pleinement, dans le moment présent.
Nous ne voulons bien souvent voir que la face visible de l’iceberg. Lorsque nous rencontrons des difficultés (deuil, perte d’un emploi, difficultés conjugales, …), au lieu d’accepter les émotions qui y sont liées et de les vivre, il peut nous arriver de les fuir, d’en avoir peur, de nous dire qu’après tout « on y reviendra après ». Nos croyances, héritées de notre passé et des environnements dans lesquels nous avons grandi, nous disent en effet : « je n’ai pas le choix, je dois garder ce travail même si il ne me plaît plus », « je n’ose pas parler avec mon conjoint des problèmes que nous rencontrons, il ne me comprendrait pas », « j’accepte des relations qui ne me conviennent pas parce que depuis petite je ne m’aime pas, ça ne changera pas ». Nous n’osons pas trop questionner ces croyances, les acceptons parfois comme une sorte de fatalité. Nous évitons au maximum de plonger dans les émotions qui y sont liées de peur de découvrir quelque chose qu’on ne pourrait pas « contrôler », « gérer ».
Or, c’est en nous connectant à nos sensations corporelles, à notre cœur et à notre esprit que nous arrivons au plus proche de qui nous sommes vraiment, de notre essence. Le sentiment que cela procure nous amène de la joie, du plaisir et de la liberté. On se sent plus fort, plus aligné, plus juste, en cohérence avec nous, responsable de notre vie et de nos choix.
L’exemple pour moi le plus parlant est le cas d’une femme qui accompagnait sa jeune sœur atteinte d’un cancer en phase terminale. Alors qu’elle se rendait avec celle-ci quelques heures plus tard chez son oncologue, elle décida de travailler sa colère. Grâce à un outil particulièrement puissant de libération émotionnelle, elle put accueillir cette émotion, l’exprimer, se laisser traverser par elle en la criant. La colère arrive souvent quand notre système de valeurs est touché, quand nos besoins sont atteints. Ici, les besoins de sécurité dans le lien familial, de protection, d’harmonie, de santé, d’appartenance, d’ordre naturel des choses (en principe, on ne meurt pas si jeune) étaient attaqués. La colère est une énergie puissante qui permet de mobiliser les ressources, de retrouver un pouvoir d’action. Plus tard, dans le cabinet du médecin, elle me confia qu’elle s’était sentie beaucoup plus alignée, habitée, forte pour parler avec les médecins. Ce n’est qu’après, lorsque sa sœur est partie, qu’elle pût accueillir la tristesse. À nouveau la tristesse est une énergie précieuse dont on ne peut faire l’économie. En diminuant le niveau de vitalité de la personne, elle lui permet de prendre du temps pour elle et de faire tout doucement le deuil de ce qui n’est plus. Les émotions peuvent faire peur, nous déranger dans nos habitudes et pourtant elles nous sont essentielles. Cet exemple nous montre qu’elles peuvent agir comme des guides qui nous montrent quels sont nos besoins et comment les satisfaire.